Les études d'infirmier à Madagascar

Témoignages d'étudiants infirmiers, recueilli le mardi 5 juillet 2011, en matinée.

  infirmier

 

Radinard et Toavina sont tous les deux étudiants en 3ème année d'infirmier, Lazare et Onja sont en première année.

Radinard, je l'ai rencontré pendant mon premier jour de stage, alors que j'attendais pour être reçue par notre chef de service. C'est donc la première personne qui m'ait parlé ce jour là et m'ait un peu fait passer le temps tout en me rassurant sur la suite de mon stage : Le contact ne serait peut-être pas si compliqué à établir !

[...]

Commençons par le début :

Les études d'infirmier durent trois ans. "L'entrée à l'institut public se fait par un concours comme en France, mais il y a aussi des instituts privés* où l'on entre sans concours". Ces instituts privés sont tout nouveaux. Le concours est difficile puisqu'on ne reçoit que 38 étudiants en infirmier, 32 étudiantes en sage-femme sur 12000 candidats à Tana. Donc ces instituts privés sont là pour court-circuiter le système public.

"Mais ces instituts privés ne sont pas encore reconnus. Seul les étudiants sortant de l'institut public et l'institut privé des Soeurs à Ankodifotsy sont reconnus par l'état."


Pendant leurs trois années, les étudiants sont à l'hôpital le matin et l'après-midi en cours. Il y a autant de garçons infirmiers que de filles à Madagascar ! ( Pas comme en France !).

Par contre, les études de sage-femmes sont réservées exclusivement aux filles : Les garçons n'ont pas le droit de faire ces études-là.

Radinard plaisante en disant qu'il aurait préféré être sage-femme : "C'est à 50% vrai, à 50% une blague !" On imagine ses raisons :)

Ensuite, pour passer dans les années supérieures, il n'y a pas d'examens, les étudiants sont notés par contrôles continus. En troisième année cependant, il existe un examen particulier qui est la MSP ou mise en situation professionnelle. C'est un examen pratique.

"Par contre, dans le privé, ils doivent écrire un mémoire", ce qui n'a pas été institué dans le public.

Si l'on veut se spécialiser en tant qu'infirmier (santé publique, anesthésiste-réanimateur, nutrition...), il faut d'abord passer le diplôme d'état d'infirmier généraliste, puis on peut passer la spécialisation à l'INS (Institut National de Santé).

Pour le moment, Taovina et Radinard sont étudiants généralistes.

Radinard me dit : "Je ne sais pas encore ce que je vais faire, passer une spécialité ou pas : Travailler en brousse me plairait bien, une spécialité, c'est encore des études !"

 

La plupart du temps, les professionnels infirmiers et étudiants sont écoutés par les médecins. Leur rôle est très important (diagnostic infirmier, soins... détaillé dans l'article intégral) "mais ça dépend des services !"

En effet, dans certains services, dans le service de .......** plus particulièrement, les médecins négligent les étudiants infirmiers, ils se moquent, insultent...

"Ils ne se moquent pas des professionnels infirmiers, surtout des étudiants. Généralement, les étudiants en médecine ne se moquent pas des infimiers, mais certains ont déjà l'état d'esprit des médecins."

Radinard dit que pour sa part, il se fiche des insultes et moqueries et qu'il les ignore.

 

Pourtant, les étudiants infirmiers ont des connaissances pratiques que n'ont pas tous les médecins :


"Beaucoup [de médecins], ne savent pas faire les gestes comme les prises de sang, les intramusculaires... c'est honteux ! Alors que dès la première année, les étudiants infirmiers savent le faire".


Les deux corps professionnels ont donc tout interêt à joindre leurs connaissances et leurs efforts et à communiquer. Le manque de communication et de respect pourrait avoir des conséquences néfastes pour le patient. Les petites guerres triviales entre corps de métier ne devraient plus avoir lieu d'être, quand la santé et la vie d'un patient sont en jeu.

Cela reste un problème que rencontrent d'autres systèmes de santé bien connus !

 

infirmiers

"La semaine dernière (Toavina raconte en rigolant), un médecin a voulu faire une pose de cathéter. Il a oublié de retirer le mandrin***, personne ne le savait, alors on a cru que le catéther était bouché, et en fait, quand on a essayé de le déboucher pour faire passer le sérum, le mandrin est sorti avec ! C'était marrant et en même temps, un peu désolant !"

La hiérarchie est plus que visible dans les services à Madagascar, et "certains médecins n'apprécient par trop que des étudiants soient un peu trop vindicatifs".

Reste à savoir si c'est vraiment différent en France !


 

Enfin, en ce qui concerne les bourses des étudiants, "Nous recevons un pré-salaire de 200 000 ariary**** par mois, ce n'est pas une bourse comme les étudiants en médecine, mais bien un pré-salaire". Autant dire que ça ne fait pas grand chose, mais c'est tout de même plus que les bourses des étudiants en médecine (voir autre article). Dans un pays où le salaire moyen est d'à peu près 40 euros par mois, on peut se dire que c'est déjà ça. Mais il ne doit pas rester grand chose une fois le loyer payé...


  [...]

 

Vous pourrez retrouver dans quelque temps l'article en entier. Ici, seules les études sont mises en valeur, comme vous avez pu le remarquer par votre lecture attentive. :)

 

 

Gaëlle S

 

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* Exemples d'instituts privés connus : Rossignol, Inspnmad...

Extrait de l'Express Madagascar du 7 juin 2011

46 Paramédicaux sur le marché

27 sages-femmes et 19 infirmiers de l'Institut supérieur privé des novateurs de Madagascar (Inspnmad) sont sortis officiellement à Ivato. C'est la deuxième promotion sortante ayant effectué trois années d'études. L'Institut et le ministère de la Santé les aideront dans la recherche de poste. 

** Respect de la confidentialité

***mandrin : aiguille

****Sachant que 1 euros = 2700 ariary à peu près, alors 200 000 ariary équivaut à 74 euros par mois. C'est un salaire appartenant à la catégorie 5 (voir article complet)

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